Abdoulaye

Pour le Ministre Abdoulaye Baldé, le déroulement du Programme Sénégal Numérique 2025, dans le cadre du Plan Sénégal Emergent peut permettre au Sénégal de devenir un acteur majeur de l’économie numérique mondiale.

Le Sénégal a mis en place une politique numérique contenue dans la stratégie Sénégal Numérique 2025 du Président de la République. Quels sont les axes de ce plan et comment l’Etat compte-t-il le financer ?

La stratégie Sénégal numérique 2025 « SN2025 » a été élaborée en s’appuyant sur les orientations fixées par le Plan Sénégal Emergent (PSE) et incarne parfaitement l’ambition du Sénégal de maintenir une position de pays leader innovant en Afrique. La SN2025 a pour vision de réaliser « le numérique pour tous et pour tous les usages avec un secteur privé dynamique et innovant dans un écosystème performant, en 2025 ». Pour atteindre cet objectif, il est important de développer les infrastructures de Télécommunications et faciliter leur accès aux populations, développer des services et promouvoir la diffusion du numérique dans tous les secteurs économiques et sociaux en instaurant un environnement propice au développement de l’économie numérique. A cet effet, la stratégie est articulée autour de trois (3) pré requis fondamentaux et quatre (4) axes stratégiques prioritaires.

Les pré requis constituent le socle pour un renforcement :

  • du Cadre juridique et institutionnel,
  • du Capital humain et
  • de la Confiance numérique.

Et les axes prioritaires nous permettront d’avoir :

  • un accès ouvert et abordable aux réseaux et services numériques,
  • une administration connectée au service du citoyen et des entreprises,
  • une promotion d’une industrie du numérique innovante et créatrice de valeur, et enfin
  • une diffusion du numérique dans les secteurs économiques prioritaires.

Le plan d’actions est constitué de 28 réformes et 69 projets pour un coût total de 1361,3 milliards et 300 millions de FCFA, dont le financement sera assuré pour 73% par le secteur privé, 17% par le public et 10% en partenariat public-privé. Comme indiqué, le gros des investissements sera assuré par le secteur privé pour un montant de l’ordre de 1000 milliards FCFA (993,75 milliards exactement), notamment les opérateurs de télécommunications avec des projets sur les infrastructures et les services numériques. Une table ronde des bailleurs pour boucler le financement de la stratégie SN2025 est prévue en 2018. L’ambition est de redonner un nouveau souffle au secteur, en apportant de nouveaux relais et sources de croissance aux acteurs, et de porter la contribution du numérique au PIB à 10% à l’horizon 2025 avec une création de 35 000 emplois directs et 105 000 emplois indirects.

Quelle est la place des acteurs nationaux ?

La stratégie est élaborée dans une approche participative et inclusive et a rencontré  l’adhésion et l’appropriation des acteurs nationaux qui se sont engagés à la mettre en œuvre. A ce titre, l’axe 3 concernant « la promotion d’une industrie du numérique innovante et créatrice de valeur » se propose, comme principales orientations, d’améliorer l’environnement de soutien au secteur privé local, de promouvoir l’investissement et l’exportation de services et aussi de favoriser l’accès au marché, notamment la commande publique. Les actions entreprises vont permettre, à moyen terme, de redynamiser le secteur, attirer les investissements et permettre l’éclosion d’entreprises locales. L’effet sera une meilleure croissance économique portée par le numérique.

« L’ambition est de porter la contribution du numérique au PIB à 10% à l’horizon 2025 avec une création de 35 000 emplois directs et 105 000 emplois indirects ».

Quelles actions sont menées pour faciliter l’essor des PME du secteur numérique ?

La SN2025 prévoit la mise en place de projets importants pour les PME du numérique, p style="color:#fab702;"armi lesquels nous pouvons mentionner : le Parc des Technologies Numériques. Le PTN à Diamniadio, première phase du projet phare du PSE de la Ville Numérique, est en cours de réalisation sur une superficie de 25 hectares pour un budget de cinquante (50) milliards FCFA, afin de soutenir l’industrie des TIC, permettre l’éclosion d’entreprises numériques locales, et contribuer ainsi à la croissance économique du Sénégal et à la création d’emplois. On peut aussi citer les pôles d’activités numériques (digipoles), la mise en place de centres d’incubation et d’accompagnement ou encore l’implantation de centres de recherche et de développement.

                                

En dehors de toutes ces interrogations, le rôle de l’Etat, notamment en termes de législation, devra être clarifié. Les manquements de la loi sont souvent débattus par les acteurs. Quelle place pour l’ARTP ?

« Le cadre juridique et institutionnel » est une ligne d’action importante de la stratégie « Sénégal numérique 2025 », inscrite dans le premier pré requis. Conformément à l’article 18 du code des télécommunications, le ministère chargé des Télécommunications, en tant qu’Autorité gouvernementale, prépare et met en œuvre la politique définie par le Chef de l’Etat, notamment à travers la préparation des textes législatifs et réglementaires en matière de télécommunications/TIC.

Quant à l’Autorité de Régulation des Télécommunications et des Postes (ARTP), elle a pour mission d’assurer l’application de la législation et de la réglementation du secteur. Plusieurs réformes ont été engagées ces derniers mois pour le renforcement du cadre juridique et institutionnel. Ces réformes visent à favoriser la baisse des coûts des services de télécommunications pour les utilisateurs finaux; en réduisant d’une part les coûts de déploiement des infrastructures par la mutualisation et d’autre part en permettant à de nouveaux opérateurs de proposer des offres de gros au Sénégal ; ce qui renforce la concurrence dans le secteur. Toutefois, avec les mutations rapides qui caractérisent le secteur des Télécommunications et des TIC, particulièrement face à l’exigence des usagers/consommateurs pour des services diversifiés, de haute qualité et à des coûts raisonnables, il est apparu nécessaire de procéder à l’actualisation globale du cadre juridique. Aussi, mon département s’est-il engagé, avec l’ensemble des parties prenantes du secteur des télécommunications, dans un chantier pour se doter d’un cadre législatif et réglementaire plus favorable à l’accroissement de l’accès et de l’usage de la population aux services de haut débit et la promotion de l’essor d’une économie numérique compétitive et inclusive. Les travaux seront finalisés dans les prochaines semaines.

Le numérique étant un secteur transversal, comment cette dimension est prise en compte dans la stratégie ?

La transversalité du numérique a été prise en compte à travers l’axe 4 de la SN2025 à savoir « la diffusion du numérique dans les secteurs économiques prioritaires ». En effet, l’option d’une utilisation accrue du numérique dans les secteurs prioritaires au Sénégal vise, entres autres, à fournir de nouvelles sources de croissance, à améliorer la productivité et la compétitivité de l’économie dans un contexte de globalisation. Elle se propose ainsi de favoriser l’atteinte des Objectifs de Développement Durable (ODD) par l’amélioration des performances agricoles, de l’accès et de la qualité des soins de santé, de l’éducation et de la formation, du commerce et des services publics.  Il s’agit de promouvoir les usages innovants du numérique pour la productivité et la compétitivité des secteurs importants de l’économie nationale.  La démarche consiste à favoriser le développement des applications et des usages dans les six (6) secteurs prioritaires ayant les plus forts potentiels de croissance que sont la santé, l’éducation, l’agriculture, l’administration, le commerce et les services financiers  et dans les industries culturelles.

Action de l’Etat pour faciliter l’accès à internet (connexion haut débit) et faciliter l’accès matériel ?

Pour faciliter l’accès, les projets initiés dans le cadre de la SN2025, sont, entre autres : la réalisation des 2500 km de fibre optique du projet large bande de l’Agence de l’Informatique de l’Etat (ADIE) ; la mise en place du point d’échange Internet (SENIX), qui facilite l’échange de trafic Internet local, en améliorant la qualité de service avec un meilleur débit Internet et en entrainant une baisse des coûts pour les usagers ; la sélection de trois (3) fournisseurs d’accès Internet (FAI) et de trois (3) Opérateurs mobiles virtuels (MVNO) afin de renforcer la concurrence, de diversifier l’offre de services et de baisser les coûts ; la mise en œuvre du projet d’appui à l’éducation numérique (PAEN) avec la mise à disposition de matériels informatiques (machines, tablettes, smartphones) à des communes et des établissements scolaires (collèges, daaras) et la formation des bénéficiaires.

Dans le même sillage, nous pouvons citer l’implantation de plusieurs datacenters par les secteurs public et privé (Tigo et Sonatel à Diamniadio).